jeudi 24 janvier 2013

Virginia Woolf



  • La traversée des transparences.....



    Mais, si l’on s’asseyait au milieu des joncs pour regarder l’étang -les étangs exercent une curieuse fascination, on ne sait laquelle- , les lettres noires et rouges, le papier blanc semblaient une simple pellicule sous laquelle roulait une vie aquatique profonde, tel un esprit qui songe et médite. Bien des gens avaient dû y venir au fil de leur vie, au fil des âges, laisser tomber une pensée dans l’eau, lui poser une question, comme on le faisait soi-même en ce soir d’été. Peut-être était-ce le secret de cette fascination : il retenait dans ses eaux toutes sortes de rêves, de plaintes, de confidences, non pas imprimées ou dites à voix haute mais à l’état liquide, flottant les unes sur les autres, presque désincarnées. Un poisson les traversait, se faisait couper en deux par la lame d’une roseau ; la lune les annihilait de sa grande assiette blanche. Le charme venait de ce que, les gens partis, leurs pensées étaient restées et, sans leurs coprs, entraient vagabonder le temps qui leur plaisait, libres liantes et amicales dans l’étang commun.


    La fascination de l’étang, Virginia Woolf



    La Nuit du Chasseur de Laughton


    Car telle est la vérité sur notre âme, pensa t-il, notre moi intérieur, qui vit en eaux profondes comme un poisson et navigue dans les ténèbres, se frayant un chemin entre les fûts des algues géantes, passe sur des endroits où danse le soleil et s'enfonce encore dans les profondeurs lugubres froides et impénétrables ; parfois elle jaillit à la surface et folâtre sur les vagues que ride le vent ; car elle a un véritable besoin de se frotter, de se gratter, de s'enflammer grâce au bavardage.
    Mrs Dalloway, Woolf





    Les Innocents de Clayton


    Personne n'avait jamais eu l'air aussi triste. Une larme, peut-être, se forma, amère et noire, dans les ténèbres, à mi-chemin du puits qui conduisait de la lumière du jour jusqu'aux tréfonds ; une larme coula ; la surface de l'eau se troubla légèrement à son contact puis redevint lisse. Personne jamais n'avait eu l'air aussi triste.

  • La Promenade au Phare, Woolf

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