mardi 26 février 2013

Paul Celan



L'Ange à terre....


Sombre, l’œil : 
comme fenêtre de hutte. Il rassemble 
ce qui fut monde, reste monde : l’Est 
qui erre, ceux 
qui planent, les 
Hommes-et-les-Juifs, 
le peuple-des-nuées, magnétiquement, 
te hâle, terre, 
de ses doigts de coeur: 
tu viens, tu viens, 
demeure nous aurons; demeure, quelque chose 

_ un souffle ? un nom ? _ 

parcourt l’étendue orpheline, 
agile, massif, 



La Foule de King Vidor (merci Florian Poinot)



l’aile de 
l’ange, lourde d’invisible, au 
pied écorché, qu’amarre 
par le poids de sa tête 
la grêle noire qui 
tombait là-bas aussi, à Witebsk, 

_ et eux, qui la semaient, ils 
la rayent de 
leur griffe, mimétique, de poing blindé! _ 

quelque chose va, parcourt, 
quête, 
quête vers le bas, 
quête vers le haut, au loin, quête 
de l’œil, arrache 
Alpha du Centaure, Arcturus, arrache 
de surcroît le rayon, hors des tombes...

 Paul Celan, Extrait Fenêtre de Hutte

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