mercredi 20 février 2013

Antonin Artaud


L'Ombre est déjà en nous...



Invocation à la Momie

Ces narines d’os et de peau
 par où commencent les ténèbres
 de l’absolu, et la peinture de ces lèvres
 que tu fermes comme un rideau

Et cet or que te glisse en rêve
 la vie qui te dépouille d’os,
 et les fleurs de ce regard faux
 par où tu rejoins la lumière

Rashomon de Kurosawa.

Momie, et ces mains de fuseaux
 pour te retourner les entrailles,
 ces mains où l’ombre épouvantable
 prend la figure d’un oiseau

Tout cela dont s’orne la mort
 comme d’un rite aléatoire,
 ce papotage d’ombres, et l’or
 où nagent tes entrailles noires

C’est par là que je te rejoins,
 par la route calcinée des veines,
 et ton or est comme ma peine
 le pire et le plus sûr témoin.

Antonin Artaud

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